Les incendies du début XXème siècle à Saint Jean

Les incendies du début du XXème siècle à Saint Jean Brévelay

TERRIBLE INCENDIE
A Saint Jean-Brévelay
10 MORTS


Une véritable catastrophe vient de plonger dans la consternation le canton de St-Jean-Brévelay et la garnison de Vannes.
Il y a juste un an, presque jour pour jour, le village du Resto était incendié par un fou. Cette fois c'est un véritable drame qui s'est déroulé faisant malheureusement de nombreuses victimes parmi les quelles on compte huit artilleurs du 35°, un maréchal-des-logis de gendarmerie et un cultivateur du pays.

VERS COETQUIDAN
Dimanche matin, à huit heures, partaient de Vannes sous le commandement du colonel d'Apvrill, six batteries du 35° qui se rendaient au camp de Coëtquidan où elles devaient arriver le 1er mai.
La première étape s'achève à Saint-Jean-Brévelay, chef-lieu de canton à vingt-trois kilomètres de Vannes.
Les six batteries y arrivèrent dans l'après-midi et prirent aussitôt leurs dispositions pour cantonner, la nuit, dans cette localité.
Les hommes furent logés chez l'habitant. Quarante-cinq artilleurs se trouvèrent ainsi logés à la ferme RIO*, une des plus importantes du pays, et située route de Locminé. Cette ferme appartient à mme de la Guistière qui habite Rennes.
Les canonniers gagnèrent leur cantonnement le soir vers huit heures, et bientôt le silence s'établit sur le village.

L'ALARME
Tout à coup, vers dix heures, des cris retentirent : Au feu ! Les artilleurs et les habitants s'éveillèrent. Déjà une lueur sinistre emplissait le ciel au-dessus du bourg ; La cloche de l'église tinta le tocsin ; la population accourut, en proie à une émotion facile à comprendre : la ferme Rio brûlait.
Rapidement les secours furent organisés. Les quarante-cinq artilleurs cantonnés dans la ferme purent sortir sains et saufs ; le bétail, logé dans l'écurie voisine, fut également sauvé ; mais les habitants de la ferme dont la sortie était plus difficile, n'étaient pas tous hors de danger.
Les gendarmes de Saint-Jean-Brévelay accoururent sous le commandement du maréchal des logis Jobert, et gendarmes militaires et habitants rivalisèrent de zèle et de courage pour combattre le fléau.
Le maréchal des logis Breler du 35° sauva le fermier Rio ; le gendarme Colas sauva de son côté deux enfants, mais il fut si grièvement brûlé aux bras que les gendarmes Lebot et Le Naour durent se porter à son secours et le dégager.

LA CATASTROPHE
Aucun être vivant, semble-t-il, ne restait plus en ce moment dans la ferme en flammes, mais les sauveteurs s'acharnaient à sauver le mobilier. Malgré, dit-on, des ordres formels, p ? leurs artilleurs s'élancèrent à nouveau dans la maison et, avec un zèle qui devait leur être fatal, se mirent en devoir de sauver les meubles. Pendant ce temps le feu faisait rage ; de minute en minute sa violence augmentait : la toiture en chaume de la ferme flambait projetant partout de dangereuses flammèches ; n'importe, les sauveteurs sans se soucier du danger continuèrent leur travail. Tout à coup, un craquement sinistre se fit entendre ; le toit chancela ; le maréchal des logis Jobert, devinant l'écroulement proche de la toiture, s'élança dans le brasier pour donner l'ordre aux artilleurs d'en sortir en toute hâte … Il était à peine entré que le toit enflammé s'abattit, l'ensevelissant dans un océan de feu avec ceux qu'il voulait sauver.
Une angoisse terrible empoigna les assistants de cette scène tragique. D'un mouvement spontané, la foule se précipita vers le brasier. Mais que faire ? La ferme n'était plus qu'un amas de poutres, de chaume et de pierres, d'où s'échappaient encore des flammes grondantes et une épaisse fumée noire. Toute tentative de sauvetage était impossible. Les assistants consternés, se rendirent compte de leur impuissance. On ne put que noyer les débris et attendre le jour.

LE DEBLAIEMENT
Sitôt que l'aube parut, les autorités de l'arrondissement M. Le Segretain, sous- préfet de Ploërmel, le chef de bataillon Pin, commandement de gendarmerie, M. Giton juge de paix du canton etc se rendirent sur les lieux. Le général de la Foye et les officiers du 35° s'y trouvaient également. On commença alors la funèbre besogne du déblaiement. Quand les canonniers du 35° eurent enlevé les poutres brûlées et les gros débris, des gendarmes munis de fourches s'avancèrent sur les décombres qu'ils fouillèrent minutieusement.
Tout près de la porte, on trouva un premier cadavre dont les jambes étaient complètement carbonisées et qui fut reconnu, grâce à des clefs et à une gourmette qu'il avait sur lui, pour le canonnier Courtin, de Villejuif (Seine) ordonnance du lieutenant Viremont de la 6° batterie.
Plus loin on trouva le canonnier Etienne Héry, conducteur à la 4° batterie, originaire de Saffré, (Loire Inférieure) et qui avait la figure toute brûlée. On ne le reconnut que grâce à son mouchoir sur lequel était indiqué son numéro Matricule.
Une à une on trouva ensuite les autres victimes ; Mathurin Hays, servant à la 3° batteri, reconnu par son frère Auguste Hays. Les membres du malheureux avaient disparu et le tronc était presque entièrement carbonisé ; puis le cultivateur Le Cam ; le maréchal des logis Jobert dont on retrouva le revolver d'ordonnance ; le brigadier Léon Bernard, de Vix (Vendée) ; le réserviste Joseph-Marie Guillou, de Noyal Pontivy et qui laisse une veuve et trois enfants ; le conducteur François Touillon, de Chateaubriant. En tout neuf cadavres.
Ces neuf cadavres déposés chacun sur un drap furent alors transportés dans trois voitures à la chapelle de la congrégation de Saint-Jean-Brévelay. Le clergé de la paroisse précédait le convoi funèbre que suivaient les élèves des écoles et toutes les autorités civiles et militaires présentes à Sint-Jean-Brévelay.

Le Nouvelliste du Morbihan

Cet événement s'est déroulé le 29 avril 1901. le Courrier morbihannais précise :

Leur première étape était Saint-Jean-brévelay et un certain nombre de soldats étaient logés dans le grenier d'une maison située à cent mètres du bourg sur la route de Locminé. Le soir vers 10 h., soit par l'imprudence d'un soldat qui aurait fait craquer une allumette, soit par celle d'une bonne femme habitant l'immeuble qui était montée voir si les soldats dormaient, le feu prit tout à coup dans la paille servant de couchage à ces derniers, et en un clin d'œil se communiqua au reste du bâtiment.

L'avenir du Morbihan apporte d'autres précisions :

Nous avions dit hier, sur la foi des premiers témoignages, qu'une armoire avait obstrué la porte de sortie de l'édifice. Ce fait n'eut pas causé le désastre que nous déplorons, s'il avait été le seul. La véritable raison a été que le toit de chaume, les liens qui le retenaient étant brûlés, a glissé extérieurement sur les parois des murs formant ainsi une barrière de flamme infranchissable, tout autour de l'immeuble. Et comme on ne trouvait aucun objet permettant un déblaiement rapide, l'asphyxie a anéanti les hommes, la carburation ne s'étant produite que beaucoup plus tard, car une heure après cet éboulement, on vit au rez-de-chaussée des meubles qui n'étaient pas encore brûlés.

* ou Nio d'après un autre journaliste.



La Croix des Victimes

Tombe Jobert 1

Tombe Jobert 2

L'incendie de 1911



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